Vous avez certainement croisé un cas comme celui là en ouvrant votre journal. Des salariés, souvent cadres, confrontés au stress ou au « burn-out » sur leur lieu de travail. Rythme éffréné, conditions précaires… de multiples raisons sont là pour expliquer ces problèmes d’ordre psychosomatique. Parfois même, ils peuvent arriver à des limites extrêmes, comme ce fut le cas il y a quelques temps pour les employés d’Orange. Selon une enquête de janvier dernier réalisée par l’institut Think pour « Great Place To Work », près d’un salarié sur deux se dit ainsi confronté à une situation d’épuisement ou de stress très important. Le ministère du travail s’est même emparé de la question : en 2014, il avait missionné un groupe de travail (composé essentiellement de médecins, de psychologues et autres experts) pour définir ce qui rentre ou non dans le cas du « burn-out ». En décembre dernier, une trentaine de députés PS a même demandé, dans une tribune faite au Journal du Dimanche, que le burn-out soit officiellement reconnu comme une maladie professionnelle.
Cet état de stress permanent, comme le prouve l’étude, est aussi dû à la réalité économique : 83% des salariés se déclaraient ainsi pessimistes à propos de la reprise économique de la France, soit 6 points de plus qu’en 2014. 76% des salariés ressentent les effets de la crise, en citant comme facteurs leur rémunération qui stagne (62%), une charge de travail qui augmente (40%), une ambiance qui se dégrade sur le lieu de travail (39%) ou encore une augmentation du niveau de stress (38%). Pour lutter contre ce phénomène, diverses tentatives ont été avancées par les professionnels de santé. Parmi eux, la sophrologie, terme inventé au tout début des années 60 par un neuropsychiatre colombien qui désigne une méthode de « développement personnel » de plus en plus utilisée dans la formation ou le coaching.
Des journées d’initiatition et de coachingLe coaching anti-stress, c’était justement l’objet de la journée organisée mardi 3 mars dans les locaux du groupe « Financière Bernard » à Ambès, producteur d’eau de vie, de brandy, négociant en vins et producteur viticole. Une journée qui réunissait autour d’une table une dizaine d’employés de la société autour des conseils du docteur Jean Ledroit, spécialiste de la sophrologie, le tout encadré et organisé par François Peltier, directeur de la société Actas Consultant, spécialisée dans le coaching, qui réalise environ une douzaine de journées de ce type par an, notamment auprès des entreprises mais aussi des sportifs de haut niveau. Pour Jean Ledroit, cette hausse du niveau de stress aurait une explication. « On constate surtout cela dans les petites et moyennes entreprises, ou souvent les employés doivent accumuler les postes. Cette polyvalence là est souvent mal vécue ». Quand on sait que selon les chiffres du Ministère des finances et des comptes publics, la France comptait en 2011 3,1 millions de PME, soit 99,8% du parc total des entreprises, on comprend sans doute l’enjeu du problème…
« Ce ne sont pas des techniques difficiles », affirme Jean Ledroit, « mais elles sont difficiles à mettre en place. Il faut effectuer une prise de conscience du corps et des tensions qui existent pour les combattre ». Une méthode particulièrement utilisée dans le sport de haut niveau, comme le souligne François Peltier, directeur d’Actas : « Chez eux, le stress peut être positif, car il les prépare au combat, mais il peut aussi être négatif, avec une peur de mal faire et une pression plus forte. L’obsession de la performance ne rend pas nécessairement plus performant, et beaucoup de sportifs ne sont pas conscients de cette hyper-intention ». Sur la dizaine de personnes présentes selon le médecin professionnels, 3 vont ressortir de la salle et effectuer un entrainement régulier, 2 s’exerceront de temps en temps, et l’autre moitié laissera ça de côté.
Une image et une pratique discutéesD’ailleurs, si beaucoup sont venus de leur plein gré, certains ont été désignés d’office par leur supérieur hiérarchique. C’est le cas de Fabrice Bertrand, responsable de la production. Heureusement, il semble le prendre plutôt bien. « Jusqu’à présent, j’ai été assez réceptif aux techniques, je ne me suis pas endormi comme certains ! Par contre, pendant les ateliers, j’avais tendance à me tendre de plus en plus. Ce serait sans doute plus facile pour moi de continuer à m’entraîner en dehors du travail, mais je ne vois pas trop comment ». Selon Jean Ledroit, « la volonté est une notion extrêmement importante dans ce type d’exercice. C’est avant tout une solution préventive, cela ne s’applique pas pour les employés victimes de « burn-out ». On intervient par exemple dans des banques… ou des secteurs dans lesquels le stress est plus lié à la réputation du métier qu’à l’activité elle-même ».
Pour Ulricke Boisnière, commerciale dans l’aluminium, cette « capacité de se retrouver dans une bulle » est déjà connu. « J’ai trois enfants à la maison. Alors des fois, j’ai besoin de faire le vide autour de moi. On me le reproche souvent », déclare-t-elle. « C’est assez facile à faire comme ça, mais pour le mettre en pratique deux fois par jour comme on nous l’indique, c’est plus dur ». En effet, pour les débutants, l’entrainement à la sophrologie peut se faire par séances de 2 à 10 minutes, deux fois par jour. Selon Catherine Alliotta, présidente de la chambre syndicale de la sophrologie et directrice de l’Institut à la formation de la sophrologie, une séance collective de 45 minutes coûterait en moyenne entre 120 et 150 euros, avec un diagnostic théorique, plusieurs ateliers séances et un plan d’action, et jusqu’à 1000 à 2000 euros pour la journée. Dans une interview à l’EXPRESS datant de novembre 2013, elle déclarait être consciente de la mauvaise réputation existante autour de cette pratique, vue par certains comme « une secte », se justifiant ainsi : « La profession est consciente de ce risque et la Chambre syndicale de la Sophrologie a mis en place des dispositifs de veille, notamment un code de déontologie ». En général, dit-elle, « les sectes préfèrent en effet opérer dans des secteurs moins surveillés ».
Une notion « sectaire » que réfute évidemment Jean Ledroit. « Nous avons essayé de former des instituteurs ou des professeurs pour exercer la sophrologie dans les écoles. Mais nous étions toujours confrontés au refus catégorique des parents. Or, il est important de dire que la prise de conscience de soi, qui permet de réduire considérablement les effets du stress et même la prise de médicaments, passe en premier lieu par l’éducation ». Pourtant, même si la profession reste méconnue, elle reste apparemment une méthode efficace pour combattre le stress : selon une enquête publiée en 2011 par l’Observatoire National de la Sophrologie, 60% des demandes régulières de la part des clients qui consultent ces professionnels seraient liés au stress.
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