La grande maison qui surveille le rond point du Chambon au nord de Montignac, au carrefour des routes vers Thenon et Terrassion renferme un savoir-faire ancestral. Une galerie boutique est entièrement dédiée au pastel et derrière, un atelier crée chaque année 150 000 batonnets de pastels entièrement réalisés à la main. Il s’agit des Pastels Girault, implantés depuis une quarantaine d’années à Montignac, la plus ancienne fabrique de pastels secs au monde. Le 14 août, cette entreprise labellisée Entreprise du patrimoine vivant (EPV) a reçu la visite de la secrétaire d’état auprès du ministre de l’économie, Agnès Pannier-Runacher, qui souhaitait mettre en valeur l’artisanat et les métiers d’art avant d’évoquer le délicat dossier de papeteries de Condat (lire par ailleurs).
Une transmission sur plusieurs générations
“Cette fabrique est née à Paris en 1780. C’est à la fois l’histoire d’un savoir faire et d’une transmission familiale sur plusieurs générations, explique Christian Petit, qui a géré l’entreprise de 1969 à 2016, avant de la céder à sa nièce Karine Loiseau et son mari Stéphane. En près de 240 ans, rien n’a changé ou presque dans la méthode de fabrication. “Il existe cinq étapes principales : le broyage, l’extrusion, le découpage, le marquage et le séchage. L’association des pigments crée la couleur, celle des blancs et des pigments crée le pastel. C’est un travail qui exige une extrême précision alliée à la lenteur de l’exécution. C’est un métier pour lequel il n’existe pas de formation : la transmission des savoir faire se fait uniquement en interne. En plein développement, nous venons d’embaucher notre première salariée,” précise Stéphane Loiseau. Les pastels Girault ont également fait le choix de fournisseurs locaux et/ ou français : exemple, les boîtes pour les pastels sont réalisées par un menuisier de Montignac, le kaolin vient de la région de Limoges
Rayonnement de l’excellence française à l’international
Sur place, Agnès Pannier-Runacher a mis la main à la pâte, aidée de Stéphane Loiseau, pour s’essayer aux différentes étapes de fabrication ancestrales, toujours en vigueur pour concevoir les produits. Au cours de sa visite, la représentante du gouvernement a tenu à souligner l’importance de l’artisanat dans l’économie nationale et locale, puisqu’il s’agit d’emplois non délocalisables. Elle a rappelé les efforts du gouvernement sur l’apprentissage et sur la formation dans un contexte où bon nombre d’artisans ont des difficultés à recruter dans de nombreux secteurs, métiers de bouche, du bâtiment. Ce qu’ a confirmé Didier Gouraud, le président de la chambre de Métiers et de l’artisanat de la Dordogne, présent à ses côtés, qui cherche à embaucher un boucher. A travers cette visite, la représente du gouvernement souhaitait aussi mettre en lumière les métiers d’art, qui “sont des métiers de transmissions et de savoir-faire et qui participent à au rayonnement de l’excellence française à l’étranger. Souvent, ces entreprises sont des petites pépites qu’il est nécessaire de valoriser. Il y a une demande à l’international et c’est souvent un gage de réussite.” Et preuve de la réussite des pastels Girault, la petite entreprise exporte 50 % de sa production, principalement aux Etats-Unis, en Australie
Pastels Girault Fabrication artisanale française depuis 1780. Tél : 05 53 51 88 18. Pastels Girault.