Cette exposition sur les nus académiques est un vrai trésor, la marque d’une grande tradition. Sur les 100 dessins de nus d’hommes, la plupart sont le fruit du travail de professeurs dans la période 1660-1720, et de certains élèves pour les années 1750-1790. En effet, les peintres et les sculpteurs devaient acquérir cette vision en travaillant d’abord l’antique puis le modèle vivant, la première source permettant de corriger les défauts de la seconde. Seuls, les élèves ayant obtenu la maîtrise de l’antique, pouvaient travailler le modèle nu, suivant une attitude déterminée par le professeur. Malgré la continuité de l’enseignement académique, la perception et l’interprétation diffèrent sur les deux siècles : insistance sur le volume et la profondeur au XVIIe siècle, travail sur la précision anatomique et la ligne au siècle suivant.
Des nus académiques de grands peintres de l’histoire
Le parcours de l’exposition est d’abord chronologique puis thématique. Les académies évoquent l’équipe de Le Brun et de Versailles (Champaigne, Coypel, Jouvenet, Lafosse, Mignard) puis les artistes de la fin du règne de Louis XIV avec Largillierre et Rigaud pour aboutir au siècle des Lumières avec la génération rocaille (Boucher, Natoire, Nattier, Van Loo) et celle de l’Antiquité retrouvée (Vincent, Brenet, Gros, Drouais). Ces oeuvres sont rarement présentées au grand public. Les Bordelais ont donc là un immense privilège, celui de redécouvrir une tradition et la beauté du « nu ». Alain Juppé, le maire, présent lors de l’inauguration le 5 novembre, en est ressorti « émerveillé ».
Nicolas César
Infos pratiques :
Jusqu’au 31 janvier. Tarif : 5 euros. Musée des beaux-arts – 20 Cours d’Albret – 33000 Bordeaux. Tel : 05 56 10 20 56.