En réalité sur le GAEC Basta, il y a aussi Vincent, le frère de Philippe et l’oncle de Jean. Lui, c’est la première fois qu’il montera à Paris, alors Noé qui verra défiler en relais l’ensemble de la famille sur le Salon International de l’Agriculture, a plutôt intérêt à faire des étincelles lors du concours, le 27 février prochain… Cela dit, en matière de coupes, plaques, macarons et récompenses diverses, les Basta sont déjà (très bien) fournis.
Les concours: « une promotion à long terme » qui ne nourrit pas son homme
Le petit local dans lequel ils démarrent depuis un mois tout juste une nouvelle aventure commerciale, la vente directe, est bardé de ces prix divers et variés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur…. Un témoignage coloré de la passion de l’élevage et de la génétique qui anime la famille depuis 3 générations. Et ce n’est pas peu dire ; Philippe Basta a été Président de l’Organisme de Selection de 2011 à 2019. Pour autant, il l’assure, ce ne sont pas les concours et les macarons qui nourrissent son homme.
« Amener une bête à Paris, c’est un poste de charge très élevé, on le fait parce qu’on est des passionnés, ça nous sort du contexte quotidien et ça nous permet aussi de développer des échanges sur nos races tant avec d’autres professionnels qu’avec le grand public ». S’il y a bien sans doute aussi un brin de fierté naturelle à voir son animal sélectionné pour pouvoir participer au Concours de Paris, la valorisation, même s’il y a médaille, ne se fera pas dans l’année ajoute-t-il… « C’est plutôt de la promotion à long terme », nuance Philippe Basta. Dans le GAEC Basta, au vu des murs remplis de plaques de récompenses, ne craignons pas de dire que la (bonne) réputation des éleveurs est faite…
Pourtant, au regard de la situation du marché de la viande bovine, lorsque Jean, 30 ans, le dernier installé de la bande Basta a voulu rejoindre son père et son oncle sur l’exploitation, le passionné de bovin allaitant qu’il est a du se résoudre à diversifier l’activité du GAEC. Une installation sous le signe de la raison plutôt que de la passion. « Sans diversification, et en restant en bovin allaitant, l’exploitation ne pouvait pas sortir un nouveau salaire », explique celui qui s’est finalement lancé avec un atelier complémentaire de poules pondeuses et de reproduction. Avec peu de regret du point de vue économique, « c’est un investissement qui marche », reconnaît-t-il. Les 55 000 œufs produits par semaine sur le site de 1900 m2 de l’exploitation, partent dans un couvoir de la SOCAVIC à 40 km de là avant que naissent des poussins de chair qualité standard et label, qui partiront à 1 jour dans les élevages alentours…
Paniers de viande à la ferme
Côté bovins, l’exploitation compte 110 SAU dont 70 en prairies vallonnées. « Nous avons mis en place une diversification des assolements et visons l’autoconsommation de ce que nous produisons. Nous sommes à plus de 90% d’autonomie en paille et toujours en recherche d’autonomie protéïque », décrit Jean. Quant à la commercialisation le GAEC vend sous 2 Label Rouge dont l’IGP Veau sous la mère. Nous produisons entre 16 à 20 vaches par an sous l’appellation Boeuf de Chalosse.
Des animaux qui, jusque-là, partaient principalement dans des boucheries bordelaises et parisiennes. Mais depuis un mois, la nouveauté à Arzacq, c’est la vente directe. « Par ce biais nous avons l’espoir de maintenir, voire de recréer du lien avec les consommateurs. Quand ils viennent ici, on leur parle de notre métier d’éleveur, de nos convictions, mais aussi d’engraissement des animaux ou encore notre assolement tourné vers l’herbe… », s’enthousiasment Philippe et Jean Basta. « C’est un mode de commercialisation qui est valorisant d’un point de vue personnel, mais c’est une charge de travail supplémentaire au quotidien », reconnaissent-ils aussi volontiers.
Leur pari, en se lançant dans cette vente de paniers de viande à la ferme, il repose sur « une attente énorme ». Celle de la sensibilisation et de la prise de conscience nécessaire au comportement locavore. « Il faut manger bien, bon et local, c’est ce qu’on entend, c’est que on dit… mais il y a encore un sacré fossé entre l’acte d’achat réel et la prise de parole », regrette Jean, qui pour autant avec son père et son oncle, n’a pas décidé de rester en position d’attendre que les choses évoluent.
« Pas d’autre solution que le local ! «
« C’est à nous de créer cette passerelle mais aussi d’être aidés pour favoriser ce pont avec les consommateurs, par le biais notamment de la restauration collective… Ca me fait bondir, quand je vois passer des camions remplis des fonds de tiroirs de Rungis… » s’anime le fils avant que le père ne reprenne « Il faut amener les gens à comprendre qu’il n’y aura pas d’autres solutions que de passer par là pour sauver l’élevage et tout ce qui va avec, des emplois, la qualité des paysages… »
Et l’affirmation de la nécessité de développer des marchés au niveau local est bien mesurée par les deux éleveurs. « Le local va nous aider à nous mobiliser, à nous structurer. Cela va obliger beaucoup d’organisations de producteurs départementales à changer leur manière de fonctionner, il faut qu’elles adhèrent à ce type de marché, et qu’elles travaillent ensemble et, avec la production, pour y répondre. En s’appuyant sur des IGP et des labels, il n’y aura que cela pour nous en sortir. Mais le chemin se fait… Il faudra être pointus et très solidaires pour parvenir à gagner de la marge sur des produits dont les prix de vente n’ont pas augmenté des années… », prévient lucide Philippe Basta avant de conclure optimiste : « Et puis le local c’est aussi ce qui va faire prendre conscience aux consommateurs que la viande qui est élevée à côté de chez eux est un super produit ! »