« Notre vocation, c’est avant tout d’aider les associations qui se trouvent au plus près des personnes vulnérables. C’est à cette fin que nous lançons chaque année un appel à projets qui réunit une trentaine de propositions en Aquitaine. Au final, des instructeurs bénévoles attribuent des lauriers à 5 d’entre elles », déclare Pascale Rousseau Dewanbrechies, récemment élue Président du Comité Atlantique de la Fondation de France, connue récemment pour avoir atribué un prix d’honneur à Erwan Bézard pour ses travaux sur la maladie de Parkinson. C’est dans ce cadre que s’est déroulée l’édition 2015 de la remise des lauriers de la Fondation de France ce jeudi 21 mai au Musée d’Aquitaine. « Il faut que le projet soit pérenne, que l’objet soit cohérent et pertinent. Cette année encore, on a découvert des associations très impliquées autour des projets animés ».
Une belle moisson donc, avec cinq idées singulières. Un réseau de micro-crèches en Dordogne, un espace de rencontre entre le parent et l’enfant pour les personnes placées sous contrôle judiciaire dans les Landes, une épicerie-drive solidaire en Lot-et-Garonne ou encore des ateliers intergénérationnels entre les résidents d’un EHPAD et des enfants d’une école publique des Pyrénées Atlantiques. Vous l’avez remarqué, nous en avons cité quatre. C’est que la cinquième a eu le double d’honneur. Non seulement elle a remporté le laurier girondin, mais elle a aussi eu droit à un laurier régional (qui comprend une aide de deux mille euros et un accès aux lauriers nationaux qui se tiennent le 20 octobre prochain à Paris).
Un « Kfé » familialCette association s’appelle le « Kfé des familles », et elle est née dans la tête de Charline Fournier en 2012. « Au départ, je cherchais un lieu familial dans le quartier Bacalan ou j’habitais. Sur le quartier, à part des centres de loisirs, il n’y avait pas de lieu adapté pour voir d’autres personnes. C’est né d’un besoin suite à l’isolement que j’ai subi quand je me suis retrouvée jeune maman ». Au bout de 5 ans de gestation, le café voit le jour : il commence à s’intégrer dans l’espace public, sorte de « café mobile », puis s’installe dans une maison réaménagée en octobre 2013 dans le quartier Bacalan.
On peut venir y échanger entre parents, participer à des animations qui répondent à un fil rouge tous les mois (en juin, ce sera le thème de la guinguette avec des petits spectacles organisés pour l’occasion). Pour la fondatrice de l’association, ce prix est avant tout le témoignage d’une reconnaissance : « Ça prouve que des gens en dehors de nous y croient. On a d’ailleurs été soutenu par la ville de Bordeaux puisqu’on avait déjà reçu le prix de l’innovation associative en 2012. Les financiers sont à l’écoute ».
Un projet de garderie partagéeLe Kfé ne compte pas s’arrêter là : il compte ouvrir prochainement une « garderie associative de proximité », via un système de réseau de parents qui passeront par un site internet. Le tout est bien sûr d’abord destiné à ouvrir un autre volet social, à destination des familles monoparentales, en difficultés financières ou travaillant en horaires décalés. Déjà, 70 familles ont adhéré au concept du Kfé depuis sa création, et le concept pourrait fleurir dans d’autres quartiers de Bordeaux.
« Il nous reste encore un an et demi de fonctionnement propre. A partir de là, on pourra voir si on peut mettre en place un système économique autour de ça, mais c’est le quartier qui fait le projet. C’est beaucoup d’engagement, de stress et de temps », souligne Lorène Roustan, porteuse du projet. Une belle initiative qui se hisse donc parmi les 9 « lauriers régionaux » qui vont concourir en octobre prochain et peut-être remporter le laurier national de la Fondation de France et une aide de 6000 euros, de quoi pousser l’idée encore plus loin. En tout, la Fondation a distribué plus de trois millions d’euros à des associations de la région Aquitaine en 2014.