4L Trophy : les jeunes dans la raide aventure humanitaire


Maxime Giraudeau

4L Trophy : les jeunes dans la raide aventure humanitaire

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 13/02/2020 PAR Maxime Giraudeau

« Combien de kilomètres au compteur de la 4L ? J’en sais rien… Tu vois la mécanique, ce n’est pas notre truc » plaisante Mathilde Bugué-Gardrat. Ne vous y méprenez pas, l’étudiante en deuxième année de master criminologie est très organisée. Son coéquipier Simon Riquelme, étudiant en ingénierie mécanique, se dit même chanceux d’être si bien accompagné. Elle, est originaire de Pons en Charente-Maritime, lui de Dax dans les Landes. Les deux amis sont colocataires à Talence depuis septembre 2018 et font leur chemin dans les universités de Bordeaux. Mais la boîte de réception de Mathilde a miraculeusement changé le cours des choses en mars 2019. « J’ai reçu un mail du 4L Trophy complètement par hasard annonçant la fin prochaine des tarifs préférentiels à l’inscription » se souvient-elle. Le lendemain, Simon était déjà motivé et il n’en fallait pas plus pour que l’équipage 460 valide son inscription à l’édition 2020. Quitte à tourmenter les interrogations de leurs parents, curieux d’en savoir un peu plus sur cet énigmatique 4L Trophy. La première édition du rallye-raid a eu lieu en 1997 sur l’idée de Jean-Jacques Rey, pilote passionné. Dès lors, l’aventure prouve qu’elle a quelques raisons d’être en offrant une expérience encadrée à des jeunes en quête d’aventure tout en brandissant un aspect humanitaire.

Abandonner ?

« Nous devons apporter des fournitures scolaires aux écoles marocaines » montre Mathilde. En plus de dizaines de cahiers, stylos et cartables, le coffre de la Renault 4L accueillera des denrées alimentaires en partenariat avec la Croix-Rouge Française. Celle de Simon et Mathilde date de 1978. Elle a même déjà participé deux fois au rallye-raid. « La voiture est plus dur à trouver que je ne le pensais. Beaucoup sont trop chères pour le 4L Trophy car ce sont des voitures de collection » explique Simon. Trouver le véhicule n’a pourtant pas été le plus difficile. En comptant 2500 euros pour la 4L et 3500 pour l’inscription, Mathilde et Simon devaient déjà se prémunir. « Le but c’est de ne rien mettre de notre poche, à part du temps » présente-t-il. La chasse aux sponsors et aux actions est donc lancée. Parfaite dynamique : l’équipage est baptisé Coloc’Action. Les missionnaires humanitaires ont ainsi emballé des cadeaux devant un magasin bordelais, attiré quelques chineurs lors d’une brocante daxoise et convaincu quelques acheteurs sur le marché de Noël de Pons. La récolte s’organise mais les dunes du Maroc paraissent encore loin. La recherche de sponsors est tortueuse. « Un après-midi de septembre, je suis partie de Forum (Talence) pour remonter la ligne du tram à pied jusqu’à Gambetta (Bordeaux). J’ai tapé à toutes les portes et toutes les entreprises ont refusé » déplore Mathilde. A deux reprises, Coloc’Action songe même à abandonner. Puis début décembre, deux mois et demi avant le grand départ : « il y a eu un déclic, plein de gens nous ont rappelé et ont accepté de nous sponsoriser » témoigne Mathilde, rassurée. En considérant que l’équipage s’est lancé dans le projet en mars 2019, il aura fallu un an de préparation et beaucoup d’abnégation aux deux étudiants pour finaliser le projet. Le budget final devrait tutoyer les 8000 euros.

 

Le moteur de la 4L nécessitait quelques réparations.

A l’ancienne

Et si Mathilde et Simon ont pu compter sur leurs proches, la moitié de leur quinzaine de sponsors avait déjà aidé des équipages lors d’éditions précédentes. Comme l’entreprise publicitaire de Charente-Maritime qui leur a offert la pose des encarts sur la 4L. Preuve que le rallye-raid est reconnu et trouve un écho auprès de partenaires potentiels. « Il faut se mettre à chercher des sponsors tôt et ne pas attendre septembre » conseille Simon. Les Coloc’Action auront en tout cas fait preuve d’opiniâtreté pour être présents à Biarritz. Ils devront être sur le village départ dès le mercredi 19 février, contrôle technique d’avant-course oblige. Le lendemain, départ pour Algesiras, voisine de Gibraltar au sud de l’Espagne. Après une traversée méditerranéenne en ferry, cinq jours de désert attendront les 1200 équipages, avant une fin de course à Marrakech. « Ce n’est pas une course de vitesse mais d’orientation : le vainqueur est celui qui fait le moins de kilomètres » rappelle Simon. Pas de GPS ni de trajet prédéfini, les seuls alliés sont boussole et traditionnelle carte routière. Chaque soir, l’organisation prépare le bivouac et ravitaille les véhicules en carburant. « Chaque matin, nous aurons le nom des villes qu’il faut rejoindre pour le soir mais on ne sait pas où on passera dans la journée » s’interroge Simon. Stressés ? « Un peu » confie Mathilde. Quelque chose dit que l’excitation l’emportera. « J’aimerais bien passer du temps avec les enfants au Maroc » espère-t-elle. Quoi qu’il en soit, l’expérience a déjà été formatrice pour les deux équipiers et les douze jours de raid dans la 4L seront vécus comme l’aboutissement de cet engagement. Et pourront pourquoi pas en susciter d’autres.

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