43 morts dans l’accident de Puisseguin :  » c’est très dangereux par là »


RB

43 morts dans l'accident de Puisseguin : " c'est très dangereux par là"

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 23/10/2015 PAR Romain Béteille

Un drame terrible est venu troubler le silence paisible de Puisseguin, petite commune de 900 habitants à une cinquantaine de kilomètres de Bordeaux. A environ 7h30, un camion de transport de bois roulant à vide a été percuté par un bus de retraités de Petit-Palais-et-Cornemps partant en excursion à Arzacq, dans les Pyrénées Atlantiques, contenant 48 passagers et un chauffeur, dans « un virage particulièrement dangereux » selon Gérard Dupuy, adjoint au maire du village situé en plein coeur du vignoble de St-Émilion. Le dernier bilan, tragique, faisait état ce matin de 43 morts, et huit blessés (dont deux traumatismes crâniens et deux brûlés) qui ont rapidement été transportés au CHU de Bordeaux par hélicoptère. Les deux véhicules ont rapidement pris feu dans la collision. 16 personnes étaient originaires de la commune de Petit-Palais, ce qui en fait la région la plus touchée. Parmi les victimes se trouvaient trois proches de la maire de la commune, Patricia Raichini. 

Le périmètre autour de la route départementale est bouclé

Périmètre boucléSur place, c’est encore le chaos. Beaucoup de voitures de police et de mouvement sur les routes étroites, les drapeaux de la mairie ont été mis en berne en tout début d’après-midi. Une cellule psychologique a été installée à l’école de Puisseguin et la salle des fêtes a rapidement été transformée en chapelle ardente. Un numéro vert a été mis en place (0800.009.763) et près de 200 gendarmes et soixante pompiers étaient toujours déployés à la mi-journée. Beaucoup de riverains sont encore sous le choc. C’est notamment le cas de Jacques Deval, habitant dans la commune de Montagne, dont le beau-frère et la belle-soeur étaient présents dans le bus. « Combien de voitures j’ai vue tomber dans le fossé, dans les vignes, sur cette route qui est très dangereuse en bas. J’ai souvent sillonné cette route, c’est très dangereux par là », a témoigné l’homme devant les caméras. 

Des ministres sur placeLes réactions politiques ne se sont, elles, non plus pas faites attendre. En déplacement en Grèce, François Hollande a annoncé que le gouvernement était « totalement mobilisé sur cette terrible tragédie ». Le premier Ministre Manuel Valls, accompagné du Ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et du Secrétaire d’Etat aux Transports Alain Vidalies sont arrivés en fin de matinée dans un ballet de voitures. « Les maires de ces villages connaissaient ces victimes. Nous voulons exprimer notre peine, notre compassion et notre soutien à l’ensemble des familles. C’est une catastrophe effroyable comme nous n’en avions pas connue sur les routes depuis plus de trente ans. Afin de faire toute la lumière sur les causes de cet accident, les experts de l’institut de recherche de la gendarmerie ont été immédiatement dépêchés sur les lieux et l’enquête, sous l’autorité du procureur de la République, commence immédiatement. C’est un choc terrible pour la Gironde, l’Aquitaine, et la France », a notamment déclaré le Premier Ministre devant les dizaines de journalistes présents sur place, aux côté d’Alain Juppé, maire de Bordeaux, d’Alain Rousset, président du Conseil Régional d’Aquitaine ou encore de Gilles Savary et Alain Anziani. Noël Mamère, le député maire de Bègles, a été très incisif ce matin sur ITele, déclarant que cet accident « doit nous interroger sur les choix politiques qui sont faits en matière d’infrastructures ». Le Barreau des avocats de Libourne a annoncé dans un communiqué avoir mis en place des consultations gratuites à destination des familles des victimes le mardi 27 octobre dès 10 heures. La Secrétaire d’Etat en charge de la famille, Laurence Rossignol se rendra à Puisseguin en début de soirée. 

Une enquête en coursEn attendant d’en apprendre plus sur les premiers éléments de l’enquête qui devraient déterminer plus précisément les circonstances du drame, le plan Orsec Novi (prévu pour une meilleure organisation des secours dans les accidents ayant causé de nombreuses victimes) a été déclenché dès ce matin. On en saura prochainement plus sur l’identification des victimes. C’est effectivement l’accident le plus meurtrier en France depuis celui de Beaune, en Côte d’Or en 1982 ou un car avait été pris dans un carambolage, causant la mort de 53 personnes dont 44 enfants. Malgré l’agitation qui régnait autour de la commune ce matin et l’effervescence qui devrait continuer toute la journée, une chape de plomb semblait s’être abattue sur le périmètre de l’accident, bouclé. D’autant qu’on a appris vers 15 heures cet après-midi qu’on ne comptait pas uniquement des personnes âgées dans les rangs des victimes : le corps d’un enfant de trois ans a également été retrouvé dans la cabine du camion. 

Les réactions après le drame

Jean-Luc Gleyze : le département mobilisé
Sur les lieux de l’accident en compagnie de Michelle Lacoste, conseillère départemental du Nord Libournais et de Alain David, Président du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) de Gironde, le président du Conseil départemental a pu vérifier la mobilisation des services du département, à commencer par 100 pompiers du SDIS, des agents des services sociaux du département renforçant la cellule psychologique mise en place par la préfecture. Cinq agents départementaux de la direction des infrastructures étaient présents sur les lieux de l’accident. Cette partie de la Route Départementale 17 est moyennement fréquentée avec environ 2600 véhicules par jour. Au cours des cinq dernières années, aucun accident n’a été constaté sur le virage concerné. Les services départementaux notent que ce virage est correctement et réglementairement signalé par des balises de virage (J1) et des panneaux de virage (A1) ; la vitesse y étant limitée à 90 km / h et « qu’entre Puisseguin et Saint-Genès-de-Castillon, le revêtement, un enduit superficiel rugueux (Bicouche Pré Gravillonné – BPG) parfaitement adapté à cette topographie a été requalifié en 2011 et la signalisation horizontale a été refaite en 2012. » Le département a consacré 20 millions d’euros en 2015 à l’entretien des 6500 kilomètres du réseau routier à sa charge.

Alain Juppé maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole
« Aujourd’hui, Bordeaux, la Gironde, la France sont bouleversées. Sur cette petite route de Puisseguin, les deux véhicules calcinés. Quelle mort atroce pour tant de victimes ! L’émotion de tous est poignante.
J’adresse mes plus sincères condoléances aux familles et aux proches des victimes.
Je veux saluer l’action des secours, des gendarmes et pompiers mobilisés. J’ai proposé au maire de Puisseguin l’aide de la ville de Bordeaux et de Bordeaux Métropole. Afin de faire toute la lumière sur les circonstances de cet accident effroyable, l’enquête va commencer. Les accidents de la route sont un fléau mais pas une fatalité ».

Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine
Le président de la Région a décidé de suspendre sa campagne électorale jusqu’à lundi 26 octobre et « exprimé sa plus vive émotion à l’annonce de ce terrible accident » associant « sa douleur à celle des proches des victimes. »

Gilles Savary, député de la Gironde
Cet accident est survenu sur une petite route de campagne d’un réseau routier départemental de bonne qualité qui fait l’objet d’un entretien régulier.
L’an passé, 61 personnes ont trouvé la mort sur les routes de Gironde [un chiffre en baisse de 24 % par rapport à l’année précédente], département de 1,5 million d’habitants caractérisé par de très forts trafics de transit internationaux.
Les accidents de car, toujours très meurtriers [17 mai 2003 : 28 morts et 47 blessés ; 22 juin 2004: 11 personnes tuées et 39 blessées ; 22 juillet 2007 : 26 morts et 24 blessés] restent néanmoins rares, par rapport aux 65 000 bus et cars en circulation en France qui effectuent entre autres le transportscolaire de 400 000 enfants.
Le car demeure l’un des modes de transport dont le risque d’accident mortel est le plus bas selon une étude paneuropéenne. Le nombre de morts par milliard de voyageurs-kilomètre pour les deux roues est de 52.593, contre 4.45 pour la voiture individuelle, 0.433 pour les bus et cars, 0.156 pour le train ; 0.101 pour l’avion. Ce terrible drame ne doit pas nous faire oublier que le car est un mode de transport dix fois plus sûr que la voiture individuelle.

Le barreau de Libourne aux côtés des familles
Le barreau a décidé de mettre en place des consultations gratuites mardi 27 octobre à partir de 10h à l’ordre des avocats de Libourne rue Thiers.                                                                                              

Dans un communiqué publié par le CHU de Bordeaux le 26 octobre, il est précisé que « les deux patientes hospitalisées dans le service des brûlés sont dans un état stationnaire et leur pronostic vital n’est pas engagé. Le troisième patient hospitalisé en unité de traumatologie orthopédique bénéficie d’une surveillance rapprochée, mais son état est stable et le pronostic vital n’est pas engagé ». « En ce qui concerne les 43 victimes décédées lors de cet accident et dont les corps ont été transférés au CHU, les médecins légistes experts du CHU de Bordeaux ont effectué les opérations médico-légales. Ces opérations se sont terminées dimanche 26 octobre 2015 à 22 h 30. L’Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN) est en charge désormais de l’identification génétique », précise également le CHU.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles