« Entre l’Esprit saint et l’esprit d’Armagnac, j’hésite ! » lance Henri Emmanuelli, le nez dans un verre, un chocolat millésimé dans la bouche. Le président du Conseil général a fait son choix. Quand on lui parle de privatiser le domaine, il s’insurge. Et si jamais l’État voulait récupérer son cadeau, offert par décret de 1911, « on est prêt à la lutte armée ! » , s’amuse-t-il.
L’Armagnac de cette année vaut bien une guerre. Mais il faudra attendre 2021 pour le déboucher. Dix ans, c’est la « part des anges ». Rendre à Dieu ce qui est à Dieu. C’est la moindre des choses, doit-on ruminer là-haut en aparté. Un siècle déjà que César a dépossédé les ecclésiastiques. Ceux-là même qui rédigèrent au XIVème siècle un traité sur les quarante vertus de l’Armagnac. Un texte dontla garde a été confiée, cette année, par le Vatican au Conseil général des Landes et où l’on peut lire qu’un membre coupé repousse lorsqu’il est trempé dans l’Armagnac. Avis aux culs-de-jatte : bonnet de bain obligatoire. Mais le Grand Patron n’est pas rancunier. A écouter l’œnologue du domaine, « il y a eu une bonne floraison au printemps et un été sans eau jusqu’au début septembre. Un cycle végétatif jamais vu depuis soixante dix ans. Des expressions aromatiques, une finesse et une rondeur qui devraient permettre au millésime 2010 de décrocher les plus hautes distinctions. »
Olivier Darrioumerle
crédit photo : conseil général des Landes
Olivier Darrioumerle