Esprit Bordeaux : l’équipe Juppé lance les hostilités


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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 13/06/2018 PAR Romain Béteille

Point de rassemblement

Ça ressemblait fort à un lancement de campagne en bonne et due forme, même si le principal intéressé était absent. Ce mercredi soir, de nombreux proches et adjoints d’Alain Juppé étaient réunis pour le lancement officiel des hostilités avec environ 300 personnes venues assister au démarrage d’Esprit Bordeaux. Même si cette première réunion servait avant tout à poser un socle, on pouvait déjà voir des tables avec des bulletins d’adhésion à cette association, dont les membres fondateurs sont avant tout des adjoints ou des proches du maire de Bordeaux (Ludovic Martinez, Nicolas Florian, Anne Walryck, Nathalie Delattre, Jean-Louis David, Fabien Robert, Bernard Dupouy, Pierre De Gaétan Njikam, Sophie Alex, Géraldine Amouroux et Philippe Lassus). Même s’il a déjà exprimé sa « peur du mandat de trop », ces derniers ont visiblement fait fi de ses craintes et lancé la machine (sans Virginie Calmels, même si cette dernière, « comme tous les élus de notre majorité, a été invitée »…). « On a voulu désigner un point de rassemblement pour tous les Juppéistes, tous ceux qui sont fiers de l’évolution de leur ville et qui pensent en même temps qu’il y a des enjeux importants. Le succès du maire et de son projet nous génère une forme de rançon du succès que l’on doit gérer et sur laquelle on est très mobilisés, on préfère en parler plutôt que de dire « dormez, braves gens ». Même s’il il a décidé de se prononcer le moment venu, on a envie de lui montrer que ses équipes, ses militants et d’une manière générale les bordelais ont envie qu’il se représente. C’est aussi important parce que quand vous avez fait plusieurs mandats, que vous avez plus de 70 ans, vous vous demandez si les gens ont vraiment envie que vous continuiez », a notamment souligné le centriste Fabien Robert. 

De la suite dans les idées

« Esprit Bordeaux », même si elle est clairement l’antichambre d’une campagne qui a encore quelques saisons pour se préciser, est pour l’instant l’instrument d’un objectif très précis selon l’adjointe Anne Walryck, désignée par Alain Juppé aux dernières législatives avant d’avoir rendu sa carte LR. « On veut soutenir l’action d’Alain Juppé, son bilan et faire en sorte que les choses continuent. Il est seul juge de son calendrier mais il est bien entendu au courant de la démarche. Beaucoup de gens saluent le travail qui a été fait et veulent contribuer au projet, donc je ne pense pas que ce soit trop tôt pour démarrer ». Le bilan, justement, figurait bien aux côtés des perspectives dans un fascicule de trois pages recto-verso, bien rangé dans une pochette « surprise » à côté de plusieurs bulletins d’adhésion. Il est vrai que du côté de La République En Marche, le grand manège semble aussi avoir déjà démarré. Des premiers noms circulent même : par le biais d’échanges « informels » révélés par le journal Sud Ouest, une alliance serait déjà dans les esprits. Jean-Marc Dumontet, Julien Denormandie ou Jean-Michel Blanquer font pour le moment office de trio hypothétique. Si un sondage Ifop (commandé par Esprit Bordeaux) lui attribue un socle électoral de 51%, -loin devant les socialistes Matthieu Rouveyre (11%) et Vincent Feltesse (9%)- le poids d’Alain Juppé en tant que personnalité politique dans l’opinion semble encore assez solide, à en juger par un baromètre paru en mai dernier. Pourtant, si les adjoints se servent bien volontiers de ce sondage pour conforter leur maire en potentiel leader, cette potentielle victoire au premier tour montre tout de même quelques signes d’érosion : en 2014, Alain Juppé avait été élu au premier tour avec un peu plus de 60% des voix (derrière, Feltesse assumait ses 22,58%), soit quasiment dix points de différence, ce que n’a pas manqué de rappeler le PS. Mais qu’importe pour les adjoints : l’appel a été lancé, notamment auprès des jeunes, pour rejoindre l’association au statut de parti politique.

Socle et priorités

Le but est évidemment de fédérer un maximum de nouveaux partisans, peu importe si d’éventuelles tractations avec En Marche se profilent déjà. Le directeur de cabinet d’Alain Juppé, Ludovic Martinez, l’avoue lui-même : « les candidats potentiels se multiplient. Jean-Marc Dumontet avait déjà fait acte d’une éventuelle candidature aux dernières législatives, ce serait donc la suite logique. Il va y avoir beaucoup de vocations, mais c’est normal. Si négociation il doit y avoir, il est certain qu’il y en aura mais ça se traitera à un niveau plus haut que le nôtre », a-t-il justifié, sans pour autant trop montrer du doigt. Pour le gouvernement, les Européennes devraient servir d’épreuve du feu, comme l’a souligné Fabien Robert. « On n’est pas au bout de la recomposition politique qui a été initiée avec l’élection d’Emmanuel Macron qui était une élection de tous les dangers et assez atypique. Cette recomposition va franchir une nouvelle étape avec les élections européennes, on va savoir quelles sont nos différences sur le sujet de l’Europe, y compris au sein d’un même parti. Effectivement, des mouvements ont été engagés, c’est pour ça qu’on a voulu faire un sondage. La ville grandit, il y a des sujets de développement majeurs qui peuvent être des difficultés à l’instant. On voulait aussi voir exactement ce que les bordelais pensaient de leur maire et de leur ville. Ce résultat ne nie pas qu’il y ait d’autres écuries dans la course mais donne à chacune sa juste place. Ça remet l’église au milieu du village ».

Il est vrai que le sondage Ifop de mai, servant de prétexte pour préciser un climat municipal et un socle électoral connu, montre aussi les faiblesses où les corrections de tir nécessaires, corrections qui n’ont d’ailleurs pas été niées par les Juppéistes et pourront bien sûr servir de fenêtre de tir pour de futures propositions concrètes (sur les transports, par exemple. Feltesse a déjà les siennes…) Mais le projet, s’il n’a pas encore précisé ses thèmes, veut être collectif : lancement de groupes de travail et d’une plateforme collaborative en septembre et futures réunions publiques thématiques se dessinent déjà. « Ça nous amènera sans doute jusqu’au printemps 2019, suite à quoi on fera un travail de compilation et de définition d’un projet. On aura sans doute terminé au moment de la phase de campagne où j’imagine que les uns et les autres déclareront leurs candidatures, mais les chevaux ne commenceront pas à courir avant septembre 2019 », prédit Fabien Robert. Le grand think-thank organisé autour de Bordeaux 2050, lui, n’a pas prévu de rentrer dans le jeu d’un éventuel programme : on sait déjà que ce dernier se terminera en mars 2019, soit un an avant les municipales. De sa restitution dépendront sans doute davantage les projets municipaux des maires de la métropole bordelaise. Mais les « contributions » des adhérents n’attendront apparamment pas cette coïncidence de calendrier, et la rentrée prochaine devrait être l’occasion de voir les premières idées pour le bordeaux de 2025 se dessiner (même si le maire de Bordeaux en a déjà quelques unes). Pour les juppéistes, en tout cas, les voyants sont au vert.

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