Mondragon est, aujourd’hui, le premier groupe coopératif connu dans le monde, le premier groupe industriel du Pays Basque et le septième d’Espagne. Quelques chiffres rendent compte de cette extraordinaire « success story » : 85066 personnes en 2009 dont 14506 à l’international et 18700 au total, il y a trente ans en 1980 ; un chiffre d’affaires de 14,7 milliards d’euros et 70 unités dans le monde. Des noms de marques aussi qui sont connues très au-delà de ce triangle Vitoria, Bilbao, Saint Sébastien qui a vu prospérer cette entreprise, fondée en 1956, par un prêtre José Maria Arizmendiarrieta : Fagor (électroménager), Eroski ( agro-alimentaire) qui compte 2500 hyper et supermarchés en Espagne ; Caja laboral ( la banque du groupe 19 milliards d’encours en 2009 ; une université etdouze centres de recherche et de formation. Singularité qui tient aux principes mêmes défendus par Mondragon au moment de sa création : le groupe dispose d’une mutuelle Lagun Aro qui assure la protection sociale des « socios » et une garantie retraite.
Le salarié, ce « travailleur associé »
Nous sommes, ici, dans une organisation au coeur de laquelle le salarié est un « travailleur associé » ; qu’il soit dirigeant ou nouvel arrivant il est propriétaire, à part égale, de sa coopérative. Ces « socios » sont «les protagonistes principaux de la réussite de leurs coopératives » ; d’ailleurs France Euskadi rappelle que la quasi totalité des 250 coopératives et entités de Mondragon ont été créées à l’initiative des « socios » du groupe. Quant au Fonds central de coopération, il a pour mission d’affecter la majorité de ses ressources à la création d’activités nouvelles. L’une des autres clés, pour y parvenir, c’est évidemment la place essentielle que joue la Recherche Développement dans la stratégie du groupe : 8% de ses ressources lui sont consacrés ! Un chiffre à méditer pour la plupart des entreprises françaises.
Les valeurs de la coopération ont joué à plein dans la façon dont le groupe a su faire face à la crise de 2008. France Euzkadisouligne l’importance qu’a joué l’implantation mondiale du groupe : « elle lui a conféré une capacité d’anticipation des évolutions du marché. « Dès l’automne 2008, quand le gouvernement espagnol prévoit une crise « conjoncturelle et passagère » les dirigeants de Mondragon envisage une crise profonde « structurelle et durable ». S’en suit un plan de bataille et 23 recommandations adressées aux coopératives du groupe. Parmi les mesures mises en œuvre l’augmentation des horaires de travail en cas de surcroît d’activité, la réduction drastique des frais généraux, l’externalisation des activités qui ne font pas partie du cœur de métier…
La participation active des « socios » tenus informés à la faveur de réunions mensuelles a permis l’acceptation de mesures d’économies, allant jusqu’à la baisse ponctuelle de rémunérations. Et la ponction opérée dans les fonds propres.
France-Euskadi met en évidence le rôle primordial du « coopérativisme basque » dans la capacité de réaction de Mondragon. Un plaidoyer qui a valeur d’exemple, y compris pour le secteur coopératif de l’hexagone ; celui-ci a d’ailleurs mieux tenu le choc au plus fort de la crise puisque, non seulement le secteur restait stable alors que les défaillances d’entreprises progressaient de 24%, mais encore réussissait-il à augmenter de 11% l’emploi.
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J.A