Le Comité Régional Conchylicole de Charente-Maritime (CRC 17) est à l’initiative d’une opération de recyclage des déchets plastiques issus de l’ostréiculture, amenée à prendre de l’ampleur. Depuis début juillet, 1,3 tonnes de poches et collecteurs ostréicoles ont été transformés en dalles perméables pour former trois places de stationnement à Bourcefranc-Le Chapus.
Pour l’instant, ce ne sont que trois places de parking sur le parc de stationnement du port de Bourcefranc-Le Chapus, au cœur du bassin ostréicole de Marennes-Oléron. Mais demain, ce sont des parkings entiers qui pourraient être équipés de ce type de revêtement, créé par l’entreprise Purple Alternative Surface à Belfort.
Tout a débuté en juillet 2021, quand Charlotte Rhone, responsable environnement, sécurité et urbanisme au sein du CRC 17 a répondu à un appel à projet du navire laboratoire Plastic Odyssey qui vise à l’expérimentation en open source de technologies de recyclage et de valorisation des déchets plastiques. A Dunkerque, pendant une dizaine de jours, elle est au contact de plusieurs entrepreneurs qui ont des projets et des procédés de recyclage du plastique tous aussi innovants les uns que les autres.
Charlotte Rhone, elle, est venue sans aucune technique spécifique mais avec un stock de poches et de collecteurs issus de l’ostréiculture. Ces matériaux séduisent les deux fondateurs de la start-up de Belfort Purple Alternative Surface, spécialisée dans les revêtements routiers d’un genre nouveau. Ni une, ni deux, ils procèdent ensemble aux premiers essais sur le bateau et ça marche. Un an plus tard, les trois places de parking sont inaugurées au port de Bourcefranc-Le Chapus, avec entre-temps quelques allers-retours entre la Charente-Maritime et le territoire de Belfort bien-sûr.
« Un revêtement d’un genre nouveau à dupliquer »
1,3 tonnes de déchets plastiques ostréicoles auront été nécessaires pour constituer 50% des matériaux des fameuses dalles de parking perméables. La perméabilité n’est pas un critère à prendre à la légère, car c’est elle qui permet au revêtement de laisser l’eau de pluie imbiber les sols et donc de réalimenter la nappe phréatique. Ce n’est pas le cas avec le bitume.
Pour créer ces dalles, la start-up de Belfort utilise également des matériaux issus de la filière sport : des casques de vélo, des planches de surf en résine, mais les déchets plastiques ostréicoles leur offrent une nouvelle source d’approvisionnement non négligeable. Seul hic, la distance entre Belfort et La Charente-Maritime est grande.
Pour le CRC 17, l’objectif est, à moyen terme, de dupliquer la technique de Purple Alternative Surface non loin de la Charente-Maritime pour raccourcir les distances entre la matière première et le produit fini et ainsi diminuer l’empreinte carbone du projet. Dans un premier temps, il s’agit d’installer sur place une déchiqueteuse et une broyeuse et de travailler avec le chantier d’insertion de Marennes pour faire un premier tri : enlever les agrafes, les coquilles d’huîtres restées collées… Le Comité Régional Conchylicole recherche un local pour accueillir cette nouvelle activité. Un dossier de demande d’aide est en cours auprès de la Région Nouvelle-Aquitaine. Il serait alors question d’emmener les granulés dans une entreprise de Vendée pour les transformer en revêtements à parking.
En 2023, cette technologie devrait prendre un sérieux coup d’accélérateur dans le département littoral et permettre ainsi de recycler des volumes importants de déchets ostréicoles.
En 2023 des coupelles ostréicoles biodégradables
Mais pour réduire son empreinte carbone, le CRC 17 est aussi très engagé dans la recherche et les opérations visant à réduire les déchets issus de l’ostréiculture. Depuis six ans déjà, associé entre autres au Centre Régional d’Innovation et de Transfert de Technologies agro-alimentaire de La Rochelle, il travaille à l’élaboration de coupelles (collecteurs d’huîtres en forme de petites coupes) biosourcées et biodégradables. Une première série sera distribuée aux professionnels du département en 2023.
Cette sensibilisation à la réduction des déchets passe aussi par des opérations pédagogiques auprès des enfants et adolescents mais aussi d’élus et de bénévoles d’associations environnementales. En 2022, des opérations de nettoyage des parcs ostréicoles ont eu lieu à Angoulins, Fouras et l’île de Ré et ont permis la collecte de plusieurs tonnes de déchets.