Les lignes électriques n’embêteront plus les migrateurs


Après quelques mois de travaux au cœur de la réserve ornithologique de La Saligue aux Oiseaux dans les Pyrénées-Atlantiques, le réseau électrique aérien a disparu du site protégé.

Vue sur la Saligue aux oiseaux de Biron-Castétis (64) depuis le poste d'observation ornithologiqueAqui.fr
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 07/04/2022 PAR Solène MÉRIC

C’est par un beau ciel bleu sans nuage que la Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Atlantiques, propriétaire et gestionnaire de la réserve ornithologique de la Saligue aux oiseaux de Biron-Castétis, a célébré aux côtés des élus et partenaires, la fin d’un chantier « exceptionnel ». Celui de l’enfouissement d’une ligne moyenne tension, « véritable verrue » dans ce paysage sauvage et préservé, réalisé et co-financé par Enedis. Plus qu’inesthétique, cette ligne qui traversait le marais, avait par matin brumeux, le fâcheux désagrément de ne pas être visible pour les oiseaux… entraînant des collisions souvent fatales. Or la Saligues aux oiseaux est un site de repos important pour les migrateurs.

A deux pas de la base de loisirs de Biron-Orthez, ce sont plus de 170 espèces d’oiseaux qui passent chaque année par la Saligue aux oiseaux. « Ce site, reconnu espace naturel sensible, est un véritable entonnoir migratoire. C’est la dernière zone humide avant les Pyrénées, et donc une étape de repos pour les oiseaux avant d’attaquer la traversée de la montagne. », détaille Christian Péboscq, directeur adjoint de la Fédération départementale des chasseurs (FDC 64). Si certaines espèces achèvent là leur migration vers le Sud, d’autres iront jusqu’au Sénégal pour trouver la chaleur, précise-t-il. Se croisent donc ici des espèces nombreuses et variées, parfois rares et protégées.

Protection de la biodiversité
Une zone de repos mais aussi parfois de danger : le réseau électrique aérien de 365 mètres qui hantait la zone a arrêté net en plein vol un certain nombre de ces voyageurs ailés. « Il est difficile d’établir un chiffre précis, en raison notamment de la prédation rapide sur les oiseaux morts ou blessés. Mais l’enfouissement de cette ligne, recouvre un véritable intérêt écologique, en plus de son intérêt touristique en rendant toute sa beauté au site », appuie Arnaud Fontaine, heureux vice-président de la FDC 64. Christian Peboscq confirme la disparition rapide des petits oiseaux blessés ou tués par une collision avec la ligne, « mais le nombre de gros oiseaux, comme les cygnes ou les hérons, qui ont aussi plus de difficultés à éviter l’obstacle, était loin d’être faible », précise-t-il.

Les partenaires du projets et élus ont participé à une visite de fin de chantier sur la Saligue aux oiseauxAqui.fr

Les partenaires du projets et élus ont participé à une visite de fin de chantier sur la Saligue aux oiseaux

C’est bien cet intérêt écologique de protection de la biodiversité et le ralliement à la cause des chasseurs de la sénatrice Denise Saint-Pé, à l’époque aussi présidente du Syndicat Départemental de l’Energie des Pyrénées-Atlantiques, qui a convaincu François Tillous, Directeur départemental Enedis d’intervenir sur cet enfouissement.

« Habituellement nous réalisons des chantiers d’enfouissement uniquement lorsque le réseau est exposé à des risques de coupure d’alimentation chez les riverains. Notre premier rôle est qu’il n’y ait pas de coupure, ou le moins possible. Or ici, il n’y avait pas d’impact sur l’alimentation électrique, et nous n’avons pas vocation à enfouir une ligne uniquement pour des raisons esthétiques », explique-t-il. Un souci aussi de bonne utilisation de l’argent des contribuables, précise-t-il. Mais l’argument environnemental au regard de la politique RSE du groupe, a finalement amené le directeur a accepté la demande, validant l’idée d’un investissement à parts égales avec la Fédération des chasseurs pour la réalisation des travaux.

 

Enfouissement sous le lac, et effaroucheurs

Ce chantier à environ 100 000 €, réalisé entre octobre 2021 et janvier 2022, a ainsi permis de faire disparaître la presque totalité du réseau aérien. « Nous avons enfoui en moyenne à 80 cm de profondeur près de 800 mètres de ligne électrique qui passe désormais en grande partie sous le lac. Ca a aussi entraîné des travaux d’aménagement et d’empierrement importants au niveau du déversoir, qui ne ressemble plus du tout à ce qu’il était auparavant », témoigne Jérôme Babonneau le chargé d’affaires sur ce dossier.


La seule partie n’ayant pu être enfouie est la ligne qui traverse le Gave de Pau, à proximité immédiate du marais. Si celle-ci reste assez peu visible aux promeneurs, le risque aviaire sur cette ligne a aussi été pris en compte avec l’installation de deux systèmes avifaunes. D’une part, la classique installation de picots sur les poteaux et d’autre part, plus innovant, la pose, par drone, d’une dizaine de balises réfléchissantes directement sur les câbles électriques. « Celles-ci permettent une meilleure visibilité aux oiseaux qui passeraient par là », explique le responsable.

Réseau aérien maintenu au dessus du Gave mais équipé d'effaroucheur et un ancien poteau maintenu pour nidificationEnedis

Réseau aérien maintenu au dessus du Gave mais équipé d’effaroucheur et un ancien poteau maintenu pour nidification

Enfin, pour parfaire la vocation environnementale et de biodiversité du lieu, la fédération des chasseurs a demandé à conserver quelques anciens poteaux déshabillés de leur ligne pour les transformer en nichoirs à cigognes.

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