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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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27/09/2015

LGV: Un oui de l’Etat qui relance le débat

Dans ces conditions, il était difficile pour des raisons politiques d'imaginer que le pouvoir central, sans trop se soucier de l'écueil majeur à venir, celui du financement de ces nouveaux ouvrages, revienne sur le montage initial général que légitimait, de surcroît, la poursuite d'une liaison vers l'Espagne, défendue par la Commission européenne. Seulement voilà : ce que les  grands élus  défendent et revendiquent, au nom de l'égalité des territoires et de l'aménagement du territoire national, ne fait plus aujourd'hui l'unanimité, au sein de la population et même de la classe politique. Une prise de distance d'abord, une opposition ensuite, qui s'est manifestée à l'occasion de l'enquête publique que les rapporteurs, au printemps dernier, ont conclue par un avis défavorable au projet. Cette opposition dont les racines étaient bien antérieures à l'enquête elle-même, notamment, au pays basque, a pris appui sur un rapport de la Cour des comptes qui a pointé, sans retenue, l'an passé, les limites de la grande vitesse et, surtout, le très lourd déficit de Réseau Ferré de France.

Certes, une enquête publique, fût elle négative dans ses conclusions, ne reflète pas nécessairement le point de vue du plus grand nombre de ceux qui sont attachés à être reliés, plus rapidement, au réseau des grandes villes et centres de décision ; les défenseurs de la LGV ne manquent pas de le rappeler. Il n'en demeure pas moins que l'état du système ferroviaire français que, dans son rapport de 2014, le député socialiste de Gironde Gilles Savary décrivait comme défaillant, semblait appeler un choix de priorités excluant, ou différant, les nouvelles infrastructures à grande vitesse. Et, compte tenu des financements énormes à réunir pour mener à bien Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, mettait celles-ci entre parenthèses. Un avis que le même Savary pourtant très proche d'Alain Rousset réitère aujourd'hui.

Alors que s'avance la campagne pour les élections régionales, parions que le débat va resurgir avec vigueur. Malgré le consensus droite-gauche des grands élus régionaux, il ne sera pas forcément de tout repos pour eux. Il faudra notamment, qu'au-delà de la contrainte budgétaire, ceux-ci trouvent les bons arguments pour convaincre une part de la société, engagée dans l'opposition à ces futurs grands chantiers au nom de l'écologie. Suffira-t-il d'affirmer que la grande vitesse, c'est justement la bonne réponse pour lutter contre la saturation du réseau routier et les gaz à effet de serre ? Ce n'est pas certain, à moins que l'on soit capable de démontrer que pareil équipement, en libérant des voies de chemin de fer actuelles, va bien en effet détourner de la route un trafic international qui croît. Mais pour cela il faudrait avancer une grande politique des transports avec les interdits et les incitations adéquates qui la rendent crédible. Dossier à suivre, très chaud.

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