Hervé Berho, un jeune éleveur basque engagé et dynamique


Baptiste Nouet
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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/05/2020 PAR Baptiste Nouet

En agriculture, les vocations se révèlent dès le plus jeune âge : chaque année, le secteur attire dans ses rangs de nouveaux producteurs malgré les difficultés conjoncturelles qui s’y greffent. Illustration au Pays Basque, avec Hervé Berho, qui a repris le flambeau familial l’an dernier à Domezain. « C’est un domaine où l’on travaille avec du vivant, qui évolue très rapidement et cela demande donc de s’adapter. C’est ça qui est intéressant puisqu’il faut toujours avancer en faisant face à de nouvelles situations », lâche l’éleveur âgé de 27 ans. Son projet s’est concrétisé l’an dernier, en janvier 2019. « J’attendais que mes parents approchent de l’âge de la retraite. J’ai travaillé un an avec eux et désormais je suis seul aux manettes. Mais ils continuent de m’épauler », confie-t-il, sourire aux lèvres. Hervé pilote un troupeau de 80 vaches de race Blonde d’Aquitaine sur un assolement de 70 hectares partagé entre prairies naturelles (prédominantes), maïs semences, maïs consommation et sorgho.

Acteur de sa coopérative
Sa production repose sur la vente de ses vaches grasses label rouge et de veaux qu’il écoule par le biais de la coopérative basque Lur Berri. « Nous vendons également entre 3 et 4 veaux sur la ferme et certaines années entre 1 et 2 vaches », ajoute-t-il. Pour lui, la coopérative joue un rôle important dans le paysage agricole. « Des opportunités de croissance à la mise en valeur des productions labélisées, ce collectif nous aide à valoriser notre métier. C’est important je pense en agriculture. » Très vite après son installation, le jeune homme a été sollicité pour devenir administrateur. Une opportunité qu’il acceptera sans aucune hésitation. « J’ai toujours été curieux de savoir comment une coopérative évolue. L’idée d’être acteur direct et de prendre part à son fonctionnement me plaît », explique-t-il. Au-delà des enjeux économiques qu’elle porte pour un territoire et l’accompagnement technique qu’elle fournit à ses adhérents, la coopérative est à ses yeux un outil indispensable. « C’est très passionnant. C’est vrai que de l’extérieur, il est difficile de se rendre compte de toutes les thématiques abordées…On échange beaucoup entre nous sur nos expériences. »

Quête d’autonomie
Quand ce n’est pas à la coopérative qu’il s’investit, c’est avec ses vaches qu’il essaie de faire évoluer son exploitation. Mieux valoriser l’herbe est depuis quelques années une piste exploitée pour réduire les achats de fourrages. Et dans cette recherche d’autonomie et aussi d’économies, Hervé s’est penché sur l’herbe pâturée. En effet, depuis 2017, le jeune homme a instauré le pâturage tournant dynamique sur sa ferme. « On a regardé un peu ce qui se faisait ailleurs et je suis tombé sur une formation sur le pâturage tournant. Et avec nos prairies bien concentrées tout autour de la stabulation, on s’est rendu compte que cette technique se prêtait bien à notre situation. » Il suit la formation et dévoile les contours de cette stratégie à ses proches. « Je n’étais pas encore installé mais j’ai décidé de mettre cette conduite en place. C’était nouveau chez moi et pour mes parents, mais ils m’ont fait confiance et aujourd’hui, je ne regrette pas », explique-t-il. Après avoir réduit d’abord le cheptel, Hervé a donc dû revoir la clôture de ses pacages. Ses vaches, elles, se sont facilement accommodées : désormais, elles pacagent de la mi-février à la mi-novembre, « lorsque le sol est assez portant et pas trop humide ». Après quelques mois, le résultat est probant : Hervé n’achète plus de fourrages.

Une production herbagère optimisée et moins gaspillée
Son système repose sur l’exploitation de paddocks (N.D.L.R. enclos aménagé dans une prairie) — d’une surface en moyenne comprise entre 0,8 et 1,5 hectares — délimités sur plusieurs hectares de prairies situées autour de sa stabulation. Le troupeau a été divisé en deux pour pouvoir faciliter les chargements. « L’idée est que les bêtes restent entre 1 jour et demi et 2 jours à un endroit pour favoriser véritablement la pousse de l’herbe ». Pouvant varier selon la météo et la pousse, cette gestion dynamique profite résolument à l’éleveur. « Déjà, on a réduit tous les intrants que l’on mettait sur les parcelles. Désormais, ce sont les vaches qui mangent et restituent directement avec leurs bouses les prairies. » Autre avantage et pas des moindres : la production herbagère a été optimisée et demeure nettement moins gaspillée. « Avant, on lâchait nos bêtes au mois d’avril sur une herbe très épiée et on se rendait compte que l’on gaspillait beaucoup du coup puisque les vaches triaient. » Cette technique conduit à une meilleure gestion avec un bétail qui profite, tout l’année, « d’une herbe au stade 3 feuilles très bonne sur le plan nutritif pour les ruminants mais aussi pour la repousse ».
Aujourd’hui, cette combinaison gagnante permet à l’éleveur de fortifier la végétation sans y prodiguer le moindre geste. « J’ai un planning sur le téléphone et les rotations de parcellaires avec mes deux lots de vaches permettent d’intervenir au bon moment », se réjouit le jeune éleveur. Outre ces avantages, le jeune basque tire bien d’autres réjouissances de cette pratique. « Je n’ai jamais été autant au contact de mes bêtes qu’aujourd’hui. Du coup, les vaches sont devenues beaucoup plus dociles, aussi, du fait d’être manipulées plus souvent. Et le volet agronomique de cette gestion est devenu une véritable passion », conclut, très enjoué, Hervé.

 

Découvrez en images l’exploitation et l’interview d’Hervé Berho

  

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