Vailmeca à Ligugé : La Nouvelle-Aquitaine à la rencontre d’une usine du futur


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 08/11/2017 PAR Julien PRIVAT

Bien rares sont les entreprises qui ouvrent leurs portes. Surtout lorsqu’elles sous-traitent avec de grands donneurs d’ordre de l’industrie française. C’est le cas de Vailmeca, une entreprise située à Ligugé, aux alentours de Poitiers. Ce mardi 7 novembre au matin, Benoît Tirant, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, s’est invité dans les locaux de cette entreprise. Il est venu dans un but bien précis. « Cette usine rentre dans le dispositif « Usine du futur » mis en place par la région. Le but est de se rendre compte sur place de ce que fait cette entreprise, de voir concrètement ce que l’aide leur a apporté, de rencontrer les gérants, les salariés qui peuvent nous faire un retour ». La visite commence. On entre dans un vaste lieu où raisonne le bruit des machines. 

Loïc Coulon, gérant de Vailmeca, parle avec passion, et décrit chaque étape d’usinage des pièces. Il est à la tête d’une PME de 18 salariés. Aux commandes depuis sept ans, il est aussi le petit-fils de fondateur de cette entreprise née en 1946. « Je l’ai reprise en avril 2010, après qu’elle ait déposé le bilan en janvier. Je l’ai rachetée au tribunal de commerce de Wolschheim. », confie-t-il. Son activité  : la sous-traitance d’usinage mécanique en fonderie. L’entreprise de Ligugé travaille notamment pour deux secteurs d’activité : la robinetterie industrielle (beaucoup plus complexe que les robinets que l’on rencontre dans notre quotidien) et les blocs moteurs électriques.             

Un nouveau positionnement 

Vailmeca, qui fabriquait des vannes notamment pour l’industrie pétrolière, a subi de plein fouet la chute du prix du baril de pétrole. Depuis 2015, le chiffre d’affaires est en baisse. Il est passé de 1,4 millions d’euros à 1,1 aujourd’hui. Pourtant, le gérant a su se reconcentrer sur un nouveau secteur : le nucléaire. Mais il a fallu investir, sachant que dans ce domaine il y a beaucoup d’exigences. Il fabrique des pièces pour la France mais aussi pour la Finlande ou la Chine et il espère la construction d’un futur EPR en Angleterre. « Il est vrai qu’en parallèle le développement sur le marché du nucléaire s’est accéléré. Il a fallu remettre à niveau de nombreux réacteurs surtout que les contrôles sont devenus plus drastiques après les incidents de Fukushima en 2011. Il y a des contraintes supplémentaires pas forcément dans l’usinage des pièces mais surtout dans leur qualité entre autres. » L’entreprise de la Vienne ne fabrique pas des pièces situées au coeur des réacteurs mais plutôt en annexe. Elles permettent notamment de gérer le système de refroidissement des réacteurs nucléaires. « Autrefois on réparait les pièces, désormais nous devons les remplacer », précise Loïc Coulon.

L’exigence du nucléaire le pousse à être toujours compétitif. Vailmeca a fait réaliser un pré-diagnostic sur la modernisation de ses outils de production. Ce diagnostic réalisé par un expert recommandait un investissement dans un logiciel de CFAO (Conception et fabrication assistées par ordinateur) permettant de sécuriser la fiabilité des devis, des plans avec ses donneurs d’ordre mais aussi de réduire le temps de programmation des machines. Par ailleurs, l’achat d’une cabine de ressuage est aussi engagé. « Sans les aides de la région… j’aurais pu financer mais peut-être que je l’aurais fait plus tard. Ça permet de faire pencher la balance. On se demande toujours si les investissements seront rentables. Je pense que j’aurais pu perdre des marchés si je ne les avais pas faits. »                                                         

Une aide providentielle

Pour le conseiller régional, Benoît Tirant, il est normal d’accompagner les entreprises de la région. « Notre travail, c’est d’aider les entreprises qui innovent mais aussi de dire ici : dans tel secteur vous pouvez trouver du boulot, inciter les jeunes à travailler dans ce type de métier ». Et ça tombe bien après deux stages dans cette entreprise et à la suite de sa formation au lycée professionnel Réaumur de Poitiers, Gaël a été embauché. Le jeune garçon a été séduit par un métier où l’on réalise les pièces de ses propres mains. Car Loïc Coulon le dit ouvertement : aujourd’hui il a du mal à recruter et à trouver des jeunes.

350 entreprises régionales engagées dans ce programme

En marge de cette visite d’entreprise, Alain Rousset, le président du conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine, et Bernard Uthurry, vice-président délégué au développement économique et à l’économie numérique, ont réuni, lors d’un séminaire annuel à Angoulême, 350 entreprises régionales engagées dans le programme « Usine du futur en Nouvelle-Aquitaine ». L’occasion de faire un point sur l’accompagnement de ces entreprises (à hauteur de 42,5 millions d’euros). L’objectif est que le nombre d’entreprises atteigne les 600 d’ici 2020. Le programme « usine du futur » se construit autour de trois piliers : la technologie (moyens de production et outils numériques), l’organisation industrielle (la formation, les conditions de travail et le management) et l’environnement (usine durable, produits éco-conçus). Tout cela s’inscrit bien sûr sur du long terme avec l’accompagnement par un référent du conseil régional et de l’Agence de Développement et d’Innovation de la Nouvelle-Aquitaine (ADI N-A). Toutes les PME et ETI (Entreprises de taille intermédiaire) ayant leur activité principale de production en Nouvelle-Aquitaine peuvent candidater. 

Vailmeca veut devenir une usine du futur… car la région soutient le potentiel qu’il y a dans ce secteur d’activité où on dit souvent que la France est en retard par rapport à ses voisins européens. Cependant l’industrie représente toujours une part importante du PIB du pays (plus de 11% tout de même selon les derniers chiffres de l’Insee datant de 2015) malgré le fait que ce chiffre soit chaque année en baisse depuis les années 1970.

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